La DGOS lance une expérimentation pour inciter la sortie précoce des patients opérés d’une chirurgie gynécologique, orthopédique et digestive, suivie d’une Hospitalisation à Domicile (HAD). Des patients dits « lourds », opérés d’actes « lourds » (listés), sont ciblés.
La DGOS nous rassure : en aucun cas, les patients opérés en ambulatoire ne sont concernés par cette mesure, et d’ailleurs, c’est ce qu’il avait été convenu, entre l’AFCA et la présidente, de la fédération nationale des établissements d’hospitalisation à domicile (FNEHAD), madame Elisabeth Hubert, en 2014.
Pourtant, les critères d’éligibilité des actes et des patients à cette sortie précoce vers l’HAD recoupent pour une partie ceux de l’éligibilité à la chirurgie ambulatoire. Et si certains actes (et patients), ne sont pas éligibles aujourd’hui, ils pourraient l’être demain.
Tout d’abord, le risque de ces listes d’actes, c’est de mettre des limites à, de freiner le développement de la chirurgie ambulatoire, notamment vers des actes dits lourds. Ensuite on sait que des équipes réalisent déjà certaines des interventions lourdes de cette liste en ambulatoire : bien sur, pas les fractures du col du fémur (mais dont on voit peu une sortie en HAD d’un patient ayant une fracture du col du fémur, compte tenu de l’indisponibilité des kinésithérapeutes, à domicile en ville). Mais les hystérectomies pour fibrome, les colectomies pour pathologie bénigne ou cancéreuse limitée, les prothèses totales de hanche et de genou sont réalisées en ambulatoire par des équipes en nombre limité, mais avec déjà des expériences importantes et dont beaucoup veulent s’inspirer. Le potentiel de développement de ces chirurgies en ambulatoire ne va-t-il pas être ainsi détourné vers l’HAD, plus facile, moins exigeante qu’une sortie le jour même, comme en chirurgie ambulatoire.
Même constatation pour les patients dits « lourds » du projet expérimental qui seraient aussi éligibles à une prise en charge ambulatoire si on regarde les critères des auteurs : les patients douloureux (EVA > 5), avec ou sans antalgiques (beaucoup de patients en postopératoire autant dire); les patients avec nécessité de la poursuite d’un traitement injectable institué en chirurgie 2 fois/jour, (mais cela ne peut être que les anticoagulants); les patients dénutris en pré ou postopératoire (mais pouvant avoir besoin uniquement d’une supplémentation orale), les patients ayant besoin de soins de la continence (une simple protection à changer ?). La définition du patient lourd reste vague et laisse penser que des patients peu « lourds » pourraient être éligibles à cette prise en charge en HAD après sortie précoce. Le potentiel de développement de la prise en charge en ambulatoire de ces patients ne va-t-il pas être encore détourné vers l’HAD, plus facile, moins exigeante que la chirurgie ambulatoire. A ce propos, il aurait été plus pertinent d’utiliser l’indice de sévérité des patients proposé par l’AFU pour la chirurgie ambulatoire, pour évaluer la sévérité mais aussi la complexité des patients et des soins dans cette expérimentation ().
Quels sont les objectifs de cette sortie précoce ? Etre dans une démarche de qualité des soins et de gestion des risques postopératoires, ou seulement raccourcir à tout prix la durée de l’hospitalisation en Etablissement de Soins et supprimer des lits ?
La chirurgie ambulatoire est une démarche 1- de qualité des soins pour permettre aux patients, le jour même de l’opération, une réhabilitation très optimisée (réveil, peu ou pas de douleurs grâce aux antalgiques, peu ou pas de nausées, ou vomissement, et pas d’anxiété (car bien préparés et informés)) et de pouvoir ainsi rentrer chez eux ; 2- de gestion des risques postopératoires dans le cadre de la continuité des soins à charge de l’équipe de l’Unité de Chirurgie Ambulatoire (et éventuellement le médecin traitant si accord en amont), sans refaire l’hôpital à la maison, et en impliquant et responsabilisant le patient.
Où est la démarche qualité de l’HAD dans cette expérimentation et l’exigence de la réhabilitation améliorée ? La gestion, par l'HAD, des risques postopératoires et de la continuité des soins pourraient être à l’inverse, un vrai risque ajouté : le médecin traitant en HAD devient le responsable de la continuité des soins. Or on ne "délègue" pas une surveillance, on partage une mission bien détaillée, expliquée et comprise par tous. Ces prérequis sont-ils prévus ?
L'HAD après chirurgie ambulatoire avait été envisagée ces dernières années comme une mesure "lenifiante" temporaire pour donner confiance aux équipes qui "se lançaient" dans l'ambulatoire (mais aussi dans la réhabilitation améliorée). Ainsi une HAD de 48h autorisée au CHU Tenon pour les Résections Trans Urétrale de prostate avec le laser greenlight. En formalisant son recours de cette façon, ce mode de sortie va-t-il rester temporaire ? N’est-ce pas une façon encore, comme les hôtels hospitaliers, de contourner l’exigence de la chirurgie ambulatoire ?
On nous répondra qu’il ne s’agit que de peu de patients et d’actes : probablement. Mais l’importance est le message envoyé par les tutelles, et qui influencera tous les comportements et toutes les prises en charge chirurgicales, mais aussi la qualité des soins et ses exigences, la sécurité des patients et les coûts à terme.
HAD, sortie précoce, ambulatoire après chirurgie, la grande confusion.
Corinne VONS et le conseil d’administration de l’AFCA
La DGOS nous rassure : en aucun cas, les patients opérés en ambulatoire ne sont concernés par cette mesure, et d’ailleurs, c’est ce qu’il avait été convenu, entre l’AFCA et la présidente, de la fédération nationale des établissements d’hospitalisation à domicile (FNEHAD), madame Elisabeth Hubert, en 2014.
Pourtant, les critères d’éligibilité des actes et des patients à cette sortie précoce vers l’HAD recoupent pour une partie ceux de l’éligibilité à la chirurgie ambulatoire. Et si certains actes (et patients), ne sont pas éligibles aujourd’hui, ils pourraient l’être demain.
Tout d’abord, le risque de ces listes d’actes, c’est de mettre des limites à, de freiner le développement de la chirurgie ambulatoire, notamment vers des actes dits lourds. Ensuite on sait que des équipes réalisent déjà certaines des interventions lourdes de cette liste en ambulatoire : bien sur, pas les fractures du col du fémur (mais dont on voit peu une sortie en HAD d’un patient ayant une fracture du col du fémur, compte tenu de l’indisponibilité des kinésithérapeutes, à domicile en ville). Mais les hystérectomies pour fibrome, les colectomies pour pathologie bénigne ou cancéreuse limitée, les prothèses totales de hanche et de genou sont réalisées en ambulatoire par des équipes en nombre limité, mais avec déjà des expériences importantes et dont beaucoup veulent s’inspirer. Le potentiel de développement de ces chirurgies en ambulatoire ne va-t-il pas être ainsi détourné vers l’HAD, plus facile, moins exigeante qu’une sortie le jour même, comme en chirurgie ambulatoire.
Même constatation pour les patients dits « lourds » du projet expérimental qui seraient aussi éligibles à une prise en charge ambulatoire si on regarde les critères des auteurs : les patients douloureux (EVA > 5), avec ou sans antalgiques (beaucoup de patients en postopératoire autant dire); les patients avec nécessité de la poursuite d’un traitement injectable institué en chirurgie 2 fois/jour, (mais cela ne peut être que les anticoagulants); les patients dénutris en pré ou postopératoire (mais pouvant avoir besoin uniquement d’une supplémentation orale), les patients ayant besoin de soins de la continence (une simple protection à changer ?). La définition du patient lourd reste vague et laisse penser que des patients peu « lourds » pourraient être éligibles à cette prise en charge en HAD après sortie précoce. Le potentiel de développement de la prise en charge en ambulatoire de ces patients ne va-t-il pas être encore détourné vers l’HAD, plus facile, moins exigeante que la chirurgie ambulatoire. A ce propos, il aurait été plus pertinent d’utiliser l’indice de sévérité des patients proposé par l’AFU pour la chirurgie ambulatoire, pour évaluer la sévérité mais aussi la complexité des patients et des soins dans cette expérimentation ().
Quels sont les objectifs de cette sortie précoce ? Etre dans une démarche de qualité des soins et de gestion des risques postopératoires, ou seulement raccourcir à tout prix la durée de l’hospitalisation en Etablissement de Soins et supprimer des lits ?
La chirurgie ambulatoire est une démarche 1- de qualité des soins pour permettre aux patients, le jour même de l’opération, une réhabilitation très optimisée (réveil, peu ou pas de douleurs grâce aux antalgiques, peu ou pas de nausées, ou vomissement, et pas d’anxiété (car bien préparés et informés)) et de pouvoir ainsi rentrer chez eux ; 2- de gestion des risques postopératoires dans le cadre de la continuité des soins à charge de l’équipe de l’Unité de Chirurgie Ambulatoire (et éventuellement le médecin traitant si accord en amont), sans refaire l’hôpital à la maison, et en impliquant et responsabilisant le patient.
Où est la démarche qualité de l’HAD dans cette expérimentation et l’exigence de la réhabilitation améliorée ? La gestion, par l'HAD, des risques postopératoires et de la continuité des soins pourraient être à l’inverse, un vrai risque ajouté : le médecin traitant en HAD devient le responsable de la continuité des soins. Or on ne "délègue" pas une surveillance, on partage une mission bien détaillée, expliquée et comprise par tous. Ces prérequis sont-ils prévus ?
L'HAD après chirurgie ambulatoire avait été envisagée ces dernières années comme une mesure "lenifiante" temporaire pour donner confiance aux équipes qui "se lançaient" dans l'ambulatoire (mais aussi dans la réhabilitation améliorée). Ainsi une HAD de 48h autorisée au CHU Tenon pour les Résections Trans Urétrale de prostate avec le laser greenlight. En formalisant son recours de cette façon, ce mode de sortie va-t-il rester temporaire ? N’est-ce pas une façon encore, comme les hôtels hospitaliers, de contourner l’exigence de la chirurgie ambulatoire ?
On nous répondra qu’il ne s’agit que de peu de patients et d’actes : probablement. Mais l’importance est le message envoyé par les tutelles, et qui influencera tous les comportements et toutes les prises en charge chirurgicales, mais aussi la qualité des soins et ses exigences, la sécurité des patients et les coûts à terme.
HAD, sortie précoce, ambulatoire après chirurgie, la grande confusion.
Corinne VONS et le conseil d’administration de l’AFCA